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Difficiles perspectives de sortie de crise économique en Haïti

 

La situation politique, économique et sécuritaire demeure extrêmement fragile. La démission d’Ariel Henry et la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, bien qu’elles ouvrent la voie à des élections en 2026, n’ont pas encore produit les effets stabilisateurs escomptés. La population continue de subir les conséquences d’une gouvernance affaiblie et d’une économie en crise. Malgré les prévisions du FMI d’un retour à une croissance positive de 1,0 % en 2025, les défis immédiats – instabilité politique, violences des gangs, crise humanitaire et vulnérabilité aux catastrophes naturelles – persistent et pourraient neutraliser tout progrès. Les tensions entre le Conseil Présidentiel de Transition et le Premier ministre Gary Conille ont par ailleurs entrainé le limogeage de ce dernier au profit de Alix-Didier Fils-Aimé, investi le 11 novembre, compliquant encore la situation politique.

1. Contexte politique et sécuritaire

Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti traverse une crise multidimensionnelle marquée par une instabilité politique et sécuritaire croissante. Les violences, alimentées par une influence croissante des gangs armés, ont atteint des niveaux critiques au début de l'année 2024, impactant lourdement les institutions, les infrastructures et la vie quotidienne de la population. À Port-au-Prince, où environ 80 % de la ville était sous le contrôle des gangs entre mars et mai 2024, les violences ont paralysé les activités économiques, perturbé les chaînes d’approvisionnement et aggravé l'inflation.

Les crises successives depuis 2019, dont la pandémie de COVID-19, un séisme en 2021, des épidémies de choléra et les répercussions de la guerre en Ukraine, ont par ailleurs affaibli la

résilience d’Haïti. La récente intensification de la violence en 2024 a amplifié la migration (tant en interne qu’en externe), en particulier celle des jeunes qualifiés, accentuant ainsi la fuite des cerveaux. Ces multiples défis contribuent à une précarité accrue, avec des niveaux de pauvreté et de malnutrition sévère, et une espérance de vie parmi les plus basses au monde (63,7 ans) comme le rappelle le FMI. Haïti se distingue également par des taux élevés de mortalité infantile et un accès limité aux services de base tels que l'électricité et l'assainissement.

L’escalade de la crise politique en février 2024, avec la démission du Premier ministre Ariel Henry, a entraîné une nouvelle vague de violences, avec des attaques contre des infrastructures clés comme les écoles, les aéroports et les ports, ainsi que des déplacements massifs de population. Les gangs contrôlant une large portion de la capitale et ses alentours empêchent les habitants d’accéder aux services essentiels de santé, à l’éducation, ainsi qu’aux approvisionnements de base.

Dans ce contexte, un gouvernement de transition a été établi en juin 2024, composé notamment par un Conseil présidentiel de neuf membres et soutenu par la CARICOM, avec pour mission de préparer des élections générales prévues en février 2026 et de lancer des réformes clés. Pour renforcer la sécurité, les premières troupes de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya et soutenue par les Nations-Unies, ont été déployées au même moment. Cependant, selon les autorités et comme le souligne le FMI, cette mission reste insuffisante en effectifs. Le Kenya s'est engagé à envoyer 600 policiers supplémentaires d'ici la fin de l'année, mais les progrès sont lents.

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