ReportageSix hôpitaux sur dix ont cessé leur activité à Port-au-Prince, en raison des attaques et des pillages commis par les bandes armées. L’émigration massive des soignants, qui fuient le risque de kidnapping, aggrave encore la crise du système de santé.
Assises sur une double rangée de bancs, une soixantaine de personnes attendent sous le préau d’un petit bâtiment de Bel Air, quartier populaire de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Autour d’eux, des soignants, reconnaissables à leurs chasubles blanches au logo de Médecins sans frontières (MSF), vont et viennent, d’un air affairé, le front perlé de sueur. Tour à tour, les patients, surtout des femmes et des enfants, sont dirigés vers l’une des salles où ils seront pris en charge par des professionnels haïtiens ou étrangers.
Ce lundi matin de juillet, les consultations vont bon train dans la clinique mobile de la rue Lamarre gérée par l’ONG humanitaire. Deux jours par semaine, ce dispensaire, installé dans les locaux d’une école attaquée et pillée par des bandits armés début avril, reçoit des habitants de ce quartier qui échappe au contrôle des autorités haïtiennes depuis que le chef de gang Kempès Sanon en a fait son fief. A l’instar de Bel Air, ce sont 80 % de l’agglomération de Port-au-Prince qui sont contrôlés par les bandes criminelles.